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Nicole BAYLE

Une jeunesse à Paris (18e). Études : Arts appliqués, Arts déco, Beaux-arts. Ex-professeur d’arts plastiques. Artiste pluri-disciplinaire : installée à Dieppe depuis 1978, Nicole BAYLE tricote depuis 1995. Son 1er tricot mesure 35 mètres de long et est exposé depuis 2011 au musée de l’Art Brut à Lausanne. Son second tricot mesure plus de 20 mètres. Elle pratique aussi l’art postal et la peinture. Sa méthode : « Je travaille spontanément, sans croquis, sans canevas, une forme s’amorce, je révèle en fait dans le tricot ce qu’il y a dans mon cerveau. »

Nicole BAYLE, sans titre, collection Musée Art et Déchirure

Nicole BAYLE, sans titre, collection Musée Art et Déchirure

Notice du catalogue 2014 : exposition CHAPELLE SAINT-JULIEN :
NICOLE BAYLE
Pourquoi le tricot ? Ma mère tricotait et je tricote aussi…
Le tricot main est la porte ouverte à la création journalière dans un quotidien souvent morose et utilitaire. C’est devenu pour moi une « tâche » régulière et un délassement réel. Laissez faire vos mains, ce geste toujours le même est la base même du tricot. On s’y habitue très vite, il devient répétitif comme dans certaines religions où le chapelet tourne sans fin dans la main incantatoire.
Vous venez de finir un rang… Vous passez alors votre tricot de la main droite à la main gauche en le retournant et vous continuez ainsi rang après rang. Le tricot grandit peu à peu et devient extensible à l’infini. Œuvre peuplée de symboles, de masques, de totems ou encore de signes qui sont des réminiscences mystérieuses, en perpétuelle gestation.
Je tricote tous les soirs devant la télévision, de 19h à 22h30. Le temps qui passe, maille après maille, rang après rang, étant sûre de faire une grande œuvre dans le temps et dans l’espace.
Créer, c’est donner envie aux autres de faire, de partager ce petit état de bonheur passager.

Nicole BAYLE, depuis plus de quarante ans, s’est attachée à la production d’une œuvre dont la diversité formelle ne cesse de surprendre et de séduire. Quoi de commun entre les bois flottés, les livres d’artistes, les peintures à l’huile kaléidoscopiques, les petits portraits, les papiers peints, les dessins faits chaque jour depuis le 1er novembre 1991, l’art postal, les timbrés de conserves, les tricots, les boîtes d’artistes ? Quoi ? Si ce n’est la couleur ! Toutes ces œuvres ont un rapport étroit avec la couleur, toutes les couleurs éclatantes, saturées et souvent complémentaires du cercle chromatique. L’apparente hétérogénéité de l’œuvre de Nicole BAYLE conduit parfois à isoler tel ou tel de ses aspects, au détriment des autres. Jour après jour, patiemment, Nicole BAYLE réalise une œuvre artistique, obstination de la répétition sans que jamais toutefois cette dernière ne se ferme sur elle-même en un tout clos, l’action devient ainsi mobile à l’infini, quand l’ordinaire devient le lieu privilégié de l’expérience.

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Notice du catalogue du Festival Art et Déchirure 2012 :

Le temps recensé
 Elle vit avec sa sœur dans une maisonnette à Dieppe. Sans téléphone portable et sans internet, elle écrit des lettres. C’est ainsi que La Halle Saint Pierre, le Musée de la Poste, celui de l’Érotisme et… Artension, se sont intéressés à son œuvre. D’autres artistes peignent, découpent, collent, tricotent ou écrivent comme elle. Nicole suit cependant une implacable logique personnelle qui ponctue le rythme de ses journées, comme une horloge à images, comme un cœur palpitant. Sur son tricot formidable, une iconographie colorée apparait. Des synthèses, des réminiscences archétypales, figures fabuleuses évoquant les religions du monde. « Je suis faite de la même matière que le rêve » dit-elle. Ses personnages stylisés, ses animaux et oiseaux, tombent entre les points comme des étoiles dans le cosmos, comme des hasards correspondant à une réalité parallèle. Car elle ne travaille pas avec un projet conçu à l’avance, ni comme en couture avec un patron. « Quand je travaille, je m’installe dans une autre dimension ». Le temps engendre l’œuvre et l’œuvre lui renvoie la balle…partie de tennis abstraite et essentielle. Le destin y est inscrit, tissé, noté tout comme la vie propre de Nicole, dans ce jeu où le hasard et les coïncidences font surface dans l’œuvre. « J’ai l’impression en évacuant de mon esprit ces formes étranges, de commettre un acte aussi important, aussi nécessaire que boire, manger ou dormir ». Volonté créative pugnace… « Je tricote uniquement le soir devant la télé, entre sept et onze heures, à raison de quatre à cinq rangs par jour. J’arrêterai à ma mort ». L’œuvre de cette artiste singulière recense, sauve, retrouve le temps, dans l’urgence d’un quotidien qui l’ennuie. Chaque 13 juillet, Nicole déploie son tricot sur les galets de Dieppe, face à la mer. C’est le seul endroit où, une fois par an, elle peut le voir en entier.
Nicole Bayle, Par Iléana Cornea


Petite sitographie pour en savoir + :

http://www.grand-baz-art.fr/le-festival/grand-baz-art-2017/les-createurs/nicole-bayle