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Pavillon de la Roseraie

Joël DELAUNAY : un portrait

Joël DELAUNAY : cofondateur du festival Art et Déchirure en 1989, créateur et directeur du musée Art et Déchirure depuis 2017, Président de l’association « Art et Déchirure »

« L’art, ça ne guérit pas de la folie, mais ça permet de la vivre. »

Nouvel accrochage

Art et déchirure : une exposition au cœur d’un asile psychiatrique

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/03/musee-art-et-dechirure-une-exposition-au-c-ur-d-un-asile-psychiatrique_6187643_3246.html

Installé dans un hôpital en Seine-Maritime, le lieu culturel présente, entre autres, les œuvres d’André Robillard, artiste interné durant une grande partie de sa vie. 

Par Harry Bellet (Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), envoyé spécial )

Exposition consacrée à André Robillard, au centre hospitalier du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime).
Exposition consacrée à André Robillard, au centre hospitalier du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). 

L’art brut ou singulier, celui des autodidactes ou des aliénés, est depuis longtemps accueilli par les grands musées. Il est moins fréquent d’aller le voir dans une institution qui en est aussi un des lieux de production, l’asile psychiatrique. C’est ce que propose le Musée Art et déchirure à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), installé dans le pavillon La Roseraie, un bâtiment autrefois réservé aux femmes installé au milieu d’un parc, mis à la disposition du musée par le centre hospitalier du Rouvray.

Les Rouennais connaissent le festival, lui aussi nommé Art et déchirure : en 17 éditions biennales, de 1989 à 2009, le musée les a familiarisés avec cet art autre, cet art insolite. L’épidémie de Covid-19 a signé sa fin, mais les œuvres acquises durant ces années demeurent et forment le fonds du musée – trois cents ou quatre cents pièces à ce jour, l’inventaire est en cours –, complété par une exposition consacrée aux machines guerrières, principalement des fusils en bois, d’André Robillard. Un artiste historique, en quelque sorte. Né en 1931, il a passé presque toute sa vie en hôpital psychiatrique (il y vit toujours), mais fut repéré par le peintre Jean Dubuffet (1901-1985), en 1964, qui l’intégra à sa collection d’art brut, aujourd’hui regroupée à Lausanne (Suisse).

Le musée de Sotteville-lès-Rouen est géré par une association présidée par Joël Delaunay, carrure de rugbyman, autrefois chargé de l’animation au sein de l’hôpital, qui a eu l’idée de sortir des traditions asilaires : « A nos débuts, en 1989, nous avions décidé de montrer les œuvres de malades en les confrontant avec celles d’artistes contemporains qui ne l’étaient pas. Nous voulions ouvrir l’hôpital, ne plus être un ghetto. » En commençant par en sortir : le festival avait lieu, notamment sa programmation théâtrale, hors les murs, en ville. Les acteurs étaient le plus souvent des patients de l’hôpital. « Une charge émotionnelle incroyable », se souvient Joël Delaunay.

L’horreur du vide

Avec le soutien du directeur de l’hôpital, un financement participatif et beaucoup de bonne volonté, le musée s’est ainsi constitué dans un pavillon désaffecté du centre hospitalier. Un bâtiment du XIXe siècle que la modestie des moyens a conduit à laisser largement dans son jus, ce qui permet d’imaginer la vie quotidienne des aliénées qui l’occupèrent. Cela donne également une résonance singulière aux œuvres exposées, d’une nature bien différente de celle que l’on peut ressentir dans un musée classique. Ainsi les œuvres de Robillard, très bien représentées dans la collection de L’Aracine déposée au Lille Métropole Musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq (Nord), partenaire de l’exposition, prennent une dimension bien plus familière.

« On peut tout se permettre, ici », dit Joël Delaunay. Exposer des œuvres de psychotiques, mais aussi de gens qui ne sont pas malades. « Sauf, précise-t-il, que lorsque je discute avec ceux-là, il y a toujours une faille quelque part. Cette dame qui travaille avec des poupées Barbie m’a confié avoir été victime d’inceste. Celui-là est toxico, celui-ci fait de temps à autre des bouffées délirantes absolument terribles… D’autres sont à peu près stabilisés et mènent une vie normale. Celui-ci, par exemple, a même été invité à enseigner aux étudiants des Beaux-Arts du Havre par son directeur, qui voulait leur montrer un autre regard sur l’art. Cet autre est alcoolique : avec des Cubitainer vides, il a fait un chemin de croix. Pourtant, il est communiste ! » A méditer dans le débat sur l’opportunité de séparer l’œuvre de son créateur…

Il y a toutefois des constantes dans cet art brut. L’une d’entre elles est l’horreur du vide. Dans un dessin, on remplit la feuille. « C’est la même chose que dans les lettres des schizophrènes », remarque Joël Delaunay. Dans une sculpture, on accumule. Certaines sont un fatras incroyable, d’autres sont au contraire classées, rangées avec une rigueur implacable. La même variété se retrouve dans l’accrochage du musée, tantôt minimal, tantôt d’une densité réjouissante. Avec parfois une salle entière réservée à un seul artiste. C’est le cas, par exemple, de Caroline Dahyot, qui a transposé dans une grande pièce un peu de l’esprit de la maison qu’elle habite à Ault (Somme), entièrement couverte de ses peintures.

Reste que, pour l’historien d’art, ces pratiques sont perturbantes. Les grilles d’évaluation classiques sont inopérantes. C’est ce que confirme Joël Delaunay : « Il faut se poser la question : est-ce que c’est beau ? La plupart du temps, non. Est-ce que c’est émouvant ? Oui, toujours. »

« André Robillard », Musée Art et déchirure, centre hospitalier du Rouvray, 4, rue Paul-Eluard, Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). mercredi et samedi-dimanche, de 14 heures à 18 heures, jusqu’au 24 septembre.

Harry Bellet (Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), envoyé spécial )

« Accueil » : une installation de Caroline DAHYOT

folio #2 / MA&D

Caroline DAHYOT est venue installer sa famille-monde dans la salle d’accueil de l’ancien pavillon des femmes du C.H.R. Un lieu qui abrite désormais le Musée Art et Déchirure à Sotteville-lès-Rouen.

Dévoilement : le drap est au cœur du propos, en opacité ou en transparence

Elle travaille au plus juste, avec une étonnante économie de moyens (un escabeau, un tube de couleur, un pinceau, une touche) pour un résultat foisonnant et déconcertant qui joue, comme sans l’avoir voulu, de la répétition et du décalage. C’est très dense et c’est très construit, mais par touches légères et rapides, qui se posent avec justesse exactement là où on ne les attendait pas.

Caroline DAHYOT, le Baiser des amoureux, peinture acrylique sur linoléum, 2023, Musée Art et Déchirure – photo JFG

Au centre du dispositif, une grande fresque peinte sur un sol anthracite : des lèvres qui s’unissent jusqu’à ne former qu’une bouche. La lumière émane des corps amoureux : elle est comme le fruit de ce baiser. « Je t’aime de tout mon cœur » se disent-ils mutuellement : un amour-luminaire qui éclaire le miroir obscur de la surface des eaux, comme dans le songe d’une nuit d’été au bord d’un lac. C’est beau. Ceux qui voient ces amoureux le ressentent.

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Tout est promesse : « Nous irons l’un vers l’autre dans le partage sans domination et dans une liberté de paroles bienveillantes – l’amour ne sera plus un chemin de batailles ».

Les cœurs circulent comme des feuilles portées par le vent. C’est le vent paraclet, le souffle de l’Esprit : le consolateur, le défenseur, l’intercesseur. Cette trinité n’est pas la seule grille de lecture de l’œuvre de Caroline Dahyot, mais c’en est une. « Certaines âmes restent pour nous guider » : elle l’inscrit sur la toile. C’est ainsi.

Par Jean-François Guillou

À la une, dans Paris-Normandie

À la une, dans le Stéphanais

« Le musée qui fait un bien fou »

À la une, dans Culturematin

https://www.culturematin.com/publics/mediation/pratiques/musee-reouverture-du-musee-art-et-dechirure-a-l-hopital-psychiatrique-du-rouvray-seine-maritime.html

Un film sur le Musée Art et Déchirure (2019)

un film à revoir :

Dans le cadre de leurs études, les étudiants du BTS AV du lycée Corneille de Rouen avaient réalisé un film sur le musée à l’occasion du dernier Festival Art et Déchirure en 2019.
Réalisation J.-L. Salmen – STS AV Corneille Rouen 2019

Le MA&D sur RCF-Rouen

Mardi 11 avril 2023 – Joël DELAUNAY, président de l’association Art et Déchirure et directeur du Musée Art et Déchirure, interviewé par Benjamin FORTIN-DUCHEMIN sur les ondes de RCF.

Joël DELAUNAY

Ouverture du musée : émotion et engagement

Discours de Joël Delaunay, président de l’association Art et Déchirure et directeur du Musée Art et Déchirure : « faire avec la différence pour faire ensemble, c’est cela qui importe. »

André ROBILLARD et Bernadette CHEVILLION, vice-présidente de L’Aracine et commissaire associée de l’exposition André Robillard – samedi 25 mars 2023 au Musée Art et Déchirure de Sotteville-lès-Rouen.