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André ROBILLARD
André ROBILLARD


Un nouvel administrateur du site

Il y a bientôt 3 ans, Joël DELAUNAY m’avait donné carte blanche pour la création et l’animation d’un site consacré au Musée Art et Déchirure. J’ai rempli cette mission avec passion et les 10 000 personnes qui le visitent désormais chaque mois montrent à quel point il est devenu essentiel  à la vie du musée.
Mais j’ai décidé de passer la main.
C’est désormais Malo SCHMITE qui en est  l’administrateur et le rédacteur en chef.
Merci à lui d’avoir accepté cette responsabilité.

Jean-François GUILLOU

Nicole BAYLE

Une jeunesse à Paris (18e). Études : Arts appliqués, Arts déco, Beaux-arts. Ex-professeur d’arts plastiques. Artiste pluri-disciplinaire : installée à Dieppe depuis 1978, Nicole BAYLE tricote depuis 1995. Son 1er tricot mesure 35 mètres de long et est exposé depuis 2011 au musée de l’Art Brut à Lausanne. Son second tricot mesure plus de 20 mètres. Elle pratique aussi l’art postal et la peinture. Sa méthode : « Je travaille spontanément, sans croquis, sans canevas, une forme s’amorce, je révèle en fait dans le tricot ce qu’il y a dans mon cerveau. »

Nicole BAYLE, sans titre, collection Musée Art et Déchirure, photo JFG

Nicole BAYLE, L’Annonciation, collection Musée Art et Déchirure, photo JFG

Notice du catalogue 2014 : exposition CHAPELLE SAINT-JULIEN :
NICOLE BAYLE
Pourquoi le tricot ? Ma mère tricotait et je tricote aussi…
Le tricot main est la porte ouverte à la création journalière dans un quotidien souvent morose et utilitaire. C’est devenu pour moi une « tâche » régulière et un délassement réel. Laissez faire vos mains, ce geste toujours le même est la base même du tricot. On s’y habitue très vite, il devient répétitif comme dans certaines religions où le chapelet tourne sans fin dans la main incantatoire.
Vous venez de finir un rang… Vous passez alors votre tricot de la main droite à la main gauche en le retournant et vous continuez ainsi rang après rang. Le tricot grandit peu à peu et devient extensible à l’infini. Œuvre peuplée de symboles, de masques, de totems ou encore de signes qui sont des réminiscences mystérieuses, en perpétuelle gestation.
Je tricote tous les soirs devant la télévision, de 19h à 22h30. Le temps qui passe, maille après maille, rang après rang, étant sûre de faire une grande œuvre dans le temps et dans l’espace.
Créer, c’est donner envie aux autres de faire, de partager ce petit état de bonheur passager.

Nicole BAYLE, depuis plus de quarante ans, s’est attachée à la production d’une œuvre dont la diversité formelle ne cesse de surprendre et de séduire. Quoi de commun entre les bois flottés, les livres d’artistes, les peintures à l’huile kaléidoscopiques, les petits portraits, les papiers peints, les dessins faits chaque jour depuis le 1er novembre 1991, l’art postal, les timbrés de conserves, les tricots, les boîtes d’artistes ? Quoi ? Si ce n’est la couleur ! Toutes ces œuvres ont un rapport étroit avec la couleur, toutes les couleurs éclatantes, saturées et souvent complémentaires du cercle chromatique. L’apparente hétérogénéité de l’œuvre de Nicole BAYLE conduit parfois à isoler tel ou tel de ses aspects, au détriment des autres. Jour après jour, patiemment, Nicole BAYLE réalise une œuvre artistique, obstination de la répétition sans que jamais toutefois cette dernière ne se ferme sur elle-même en un tout clos, l’action devient ainsi mobile à l’infini, quand l’ordinaire devient le lieu privilégié de l’expérience.

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Notice du catalogue du Festival Art et Déchirure 2012 :

Le temps recensé
 Elle vit avec sa sœur dans une maisonnette à Dieppe. Sans téléphone portable et sans internet, elle écrit des lettres. C’est ainsi que La Halle Saint Pierre, le Musée de la Poste, celui de l’Érotisme et… Artension, se sont intéressés à son œuvre. D’autres artistes peignent, découpent, collent, tricotent ou écrivent comme elle. Nicole suit cependant une implacable logique personnelle qui ponctue le rythme de ses journées, comme une horloge à images, comme un cœur palpitant. Sur son tricot formidable, une iconographie colorée apparait. Des synthèses, des réminiscences archétypales, figures fabuleuses évoquant les religions du monde. « Je suis faite de la même matière que le rêve » dit-elle. Ses personnages stylisés, ses animaux et oiseaux, tombent entre les points comme des étoiles dans le cosmos, comme des hasards correspondant à une réalité parallèle. Car elle ne travaille pas avec un projet conçu à l’avance, ni comme en couture avec un patron. « Quand je travaille, je m’installe dans une autre dimension ». Le temps engendre l’œuvre et l’œuvre lui renvoie la balle…partie de tennis abstraite et essentielle. Le destin y est inscrit, tissé, noté tout comme la vie propre de Nicole, dans ce jeu où le hasard et les coïncidences font surface dans l’œuvre. « J’ai l’impression en évacuant de mon esprit ces formes étranges, de commettre un acte aussi important, aussi nécessaire que boire, manger ou dormir ». Volonté créative pugnace… « Je tricote uniquement le soir devant la télé, entre sept et onze heures, à raison de quatre à cinq rangs par jour. J’arrêterai à ma mort ». L’œuvre de cette artiste singulière recense, sauve, retrouve le temps, dans l’urgence d’un quotidien qui l’ennuie. Chaque 13 juillet, Nicole déploie son tricot sur les galets de Dieppe, face à la mer. C’est le seul endroit où, une fois par an, elle peut le voir en entier.
Nicole Bayle, Par Iléana Cornea

Automne – hiver : le temps de la collection

UN ART SINGULIER

L’art singulier regroupe des formes d’expression issues du monde du trouble mental, de la marge, de la déchirure de l’être, mais c’est aussi l’art des autodidactes inspirés, des bricoleurs “hors les normes”, des bidouilleurs de l’improbable. Certains y ont consacré une vie entière, d’autres furent des comètes dans la constellation : chacun sa trajectoire. Mais la question, souvent posée, est celle de la cohérence de cet art, du plus petit dénominateur commun entre toutes ces créations, tous ces parcours disparates.

Notre réponse est de dire que l’art singulier n’est pas un “mouvement” artistique qui serait défini par des normes artistiques, mais plutôt une famille incertaine et mouvante : celle des “sans-papiers” du monde de l’art, le monde des parcours atypiques.

L’art singulier, c’est la foire des différences, c’est un doute créatif, un besoin de faire et d’aller, sans qu’on sache où ni pourquoi : envie, nécessité, obsession, pulsion, et plaisir aussi.

MONTRER LA COLLECTION

La collection du Musée Art et Déchirure est exceptionnelle. Elle rassemble plus de 300 œuvres acquises ou offertes par plus de 100 artistes au cours des 30 années d’existence du festival Art et Déchirure, imaginé et lancé en 1989 par Joël DELAUNAY.

Cette collection est à la fois la mémoire de cette aventure humaine et culturelle sans équivalent en France et un legs fait aux générations futures. Après la réouverture du musée en mars 2023 et l’exposition-rétrospective de l’œuvre d’André ROBILLARD (mars-septembre 2023), Joël DELAUNAY a donné carte blanche à Corinne GRABER (traductrice de Kurt SCHWITTERS) pour concevoir le nouvel accrochage de cette collection dans la grande salle du musée.

Elle a choisi de privilégier le dialogue entre les œuvres, la musique des couleurs et le rythme des formes et des matières. Les rapprochements sont intuitifs et sans esprit de système, sans chronologie particulière. Chaque visiteur construira sa lecture de la proposition : ici la sensation prime sur l’analyse, mais elle ne l’interdit pas. Bonne visite à vous !

Jean-François Guillou

Accrochage de la salle 2 – scénographie de Corinne GRABER