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C’est un détail : dans l’œil d’Éric DEMELIS
Un article publié sur ce blog en 2023 dans la série « C’est un détail »

Le reflet du visage de l’artiste dans la pupille de son personnage. Le procédé est ancien et renvoie à une référence célèbre dans l’histoire de l’art : celle du peintre flamand Jan Van Eyck qui, dans le portrait des Époux Arnolfini, s’est représenté dans le reflet d’un « œil de sorcière » (un miroir convexe).

Mais on peut aussi y voir un propos plus grave, une référence à la justice divine dont notre conscience serait le reflet (Victor Hugo, La conscience dans La légende des siècles) :
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.(…)
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

Ou bien une autre référence, renvoyant à la justice des hommes cette fois : « œil pour œil, dent pour dent » (Code de Hammurabi, 1750 av. J.-C. : § 196 : Si quelqu’un a crevé un œil, on lui crèvera un œil. § 200 : Si quelqu’un a fait tomber une dent, on lui fera tomber une dent.) ?
Des yeux, des dents, vous les voyez comme moi, n’est-ce pas ?

Ou bien les yeux de…

Ou bien l’œil surréaliste de Luis Buñuel et Salvador Dalí

Ou bien un simple aléa pictural, une illusion d’optique, comme cet œil-nuage flottant dans un ciel mongol…

Qu’est-ce que l’art singulier ?
Un article publié sur ce blog en novembre 2023 à l’occasion de l’exposition de la Collection (nov. 2023-nov. 2024)

UN ART SINGULIER
L’art singulier regroupe des formes d’expression issues du monde du trouble mental, de la marge, de la déchirure de l’être, mais ce n’est pas seulement l’art des fous, c’est aussi l’art des autodidactes inspirés, des bricoleurs “hors les normes”, des bidouilleurs de l’improbable.
Certains y ont consacré une vie entière, d’autres furent des comètes dans la constellation : chacun sa trajectoire. Mais la question, souvent posée, est celle de la cohérence de cet art, du plus petit dénominateur commun entre toutes ces créations, tous ces parcours disparates.
Notre réponse est de dire que l’art singulier n’est pas un “mouvement” artistique qui serait défini par des normes artistiques, mais plutôt une famille incertaine et mouvante : celle des “sans-papiers” du monde de l’art, le monde des parcours atypiques.
L’art singulier, c’est la foire des différences, c’est un doute créatif, un besoin de faire et d’aller, sans qu’on sache où, ni pourquoi : envie, nécessité, obsession, pulsion, et plaisir aussi.
Jean-François GUILLOU