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Monthly Archives: mars 2023

J -6

Ouverture du Musée Art et Déchirure : samedi 25 mars à 14 h
Ce matin : nettoyage de printemps au musée
Toute l’équipe vous salue. À très bientôt !

Origines du CHR : de Saint-Yon à Quatre-Mares

Histoire d’un lieu de santé mentale

Chronologie :

1714-1789 : manoir de Saint-Yon, rue Saint-Julien, quartier Saint-Clément à Rouen : maison-mère des Frères des Écoles chrétiennes (d’où l’appellation de « Frères Saint-Yon »).
1740 : un « Pensionnat de force » et une section destinée aux jeunes aliénés sont implantés au sein de cette maison d’éducation.

Façade de l’ancienne église Saint-Yon, rue Saint-Julien

1792 : fermeture du couvent de Saint-Yon.
1808 : création d’un Dépôt de Mendicité
1821 : le Dépôt de Mendicité est remplacé par l’Hospice d’Aliénés : début de la psychiatrie.
1838 : l’hôpital devient une référence pour le traitement des maladies mentales. Malgré plusieurs agrandissements, le nombre croissant de pensionnaires oblige à l’ouverture d’une « succursale rurale ».


1845-1854 : construction de la « succursale rurale » à Sotteville-lès-Rouen, dans le hameau de Quatre-Mares sur le terrain dit « Clos de la Haie Brout » de M. Prevel, acquis par le Département.

1851 : ouverture du nouvel établissement.

1875-1879 : construction d’un deuxième asile sur la commune de Saint-Étienne-du-Rouvray ; il est administré par la communauté des sœurs de Saint-Yon.
1879 : fermeture du « Vieux Saint-Yon ».
Les deux asiles sont administrés séparément jusqu’à la fin du XIXe siècle ; la limite entre les deux correspond à la limite des deux communes :
– Au nord, sur Sotteville-lès-Rouen, « Quatre-Mares » était destiné aux hommes.
– Au sud, sur Saint-Étienne-du-Rouvray, « Saint-Yon » était destiné aux femmes.

Entrée Nord, Hôpital des hommes

Entrée Sud, Asile de Saint-Yon (hôpital des femmes)
L’Administration de l’Asile Départemental de Saint-Yon (Saint-Étienne-du-Rouvray)

1920 : la réunion des deux asiles donne naissance à la « Maison de Santé Départementale », puis « Hôpital Psychiatrique Départemental » en 1938. 2700 malades y sont hospitalisés.
1940-1944 : les bombardements détruisent 70 % des bâtiments.


45 000 personnes meurent en France dans les hôpitaux psychiatriques durant la guerre : le Dr Lucien Bonnafé parle d’ « extermination douce ».


1945 : début d’une lente reconstruction (rôle central du Dr Bonnafé, psychiatre désaliéniste et père de la politique de secteur psychiatrique, maire de Sotteville-lès-Rouen en 1952-1953). Hommes et femmes restent séparés.
1963 : une importante réforme de la psychiatrie amène à la réorganisation du plan de l’établissement : certains grands bâtiments disparaissent au profit de structures plus petites, sectorisées par activité et non plus par sexe.
1968 : suite à la loi sur le statut des hôpitaux psychiatriques, l’hôpital devient « Établissement Public Départemental », puis « Centre Psychiatrique du Rouvray » en 1973, puis « Centre Hospitalier Spécialisé du Rouvray » en 1979, puis « Centre Hospitalier du Rouvray » en 1991.
Le projet définitif du nouvel hôpital est adopté en 1969 et les premiers travaux débutent en 1971.

Unité d’hospitalisation Henri Ey

Le pavillon des femmes (pavillon de la Roseraie), situé au sud-est du parc, qui abrite aujourd’hui le musée Art et Déchirure dans son rez-de-chaussée, est fermé en 1982. Il est caractéristique de l’architecture hospitalière et asilaire de la fin du XIXème siècle : un bâtiment à façade en brique rouge, composé d’un alignement de salles longées par un couloir latéral éclairé par de hautes fenêtres.


Couvent, caserne et prison : un peu de chacun de ces héritages participe à l’esprit des lieux, avec en commun le témoignage d’un évident esprit d’ordre et de rationalité.

En somme un lieu dont tout l’ordonnancement semble contredire la notion de singularité, de différence, de désordre ou d’étrangeté.
C’est justement cette contradiction, ce paradoxe, qui fait la justesse et la richesse de cet « oxymore muséal » qu’est le Musée Art et Déchirure.


En complément :

L’Actu du Rouvray # 114 – 2022 – p. 8-11.

Collection : Jean-Michel CHESNÉ

Jean-Michel CHESNÉ, Treadwell, NY, dessin, encre de Chine sur papier, août 2009, collection Musée Art et Déchirure

Jean-Michel CHESNÉ, série des « dentelles », dessin, encre de Chine sur papier, 2015, collection Musée Art et Déchirure

Notice du catalogue du Festival Art et Déchirure 2017 :

Né à Paris en 1959, Jean-Michel Chesné crée depuis plus de 35 ans. C’est en effet au début des années 80, après des études d’agriculture, qu’il se passionne pour l’art. Mais sa visite au Palais du Facteur Cheval à Hauterives en 1992 est un véritable choc et oriente définitivement son goût vers un art plus marginal.
Vers 2008, son travail a pris une tournure particulière. Il s’agit de dessins qu’il appelle lui-même « dentelles » . Cette série est née de la rencontre fortuite avec un stylo à l’encre blanche, dont il explore sans fin les possibilités sur des fonds d’encre de Chine noire, faisant naître par un jeu d’emboîtements successifs, un bestiaire et un peuple de personnages aux allures primitives raffinées. On y retrouve aussi des animaux et des êtres hybrides nés de son imaginaire «composite». Une mythologie personnelle issue de l’accumulation d’images glanées depuis des années. Ce qui dans ses premiers essais graphiques ressemblait davantage à de l’improvisation ou à de l’automatisme s’est peu à peu transformé en un véritable vocabulaire, peut-être moins sauvage mais plus abouti.
On notera l’omniprésence de la nature avec des animaux plus ou moins réalistes cohabitant dans une végétation luxuriante. Une sorte de paradis perdu où trônent parfois fièrement des déités couronnées, des dignitaires coiffés. De ces silhouettes émane une vibration, une tension dynamique entre le noir et le blanc. Les contours très découpés, très sinueux montrent des êtres statiques ou animés dont l’intérieur organique ne contrarie pas la grâce de l’ensemble.


Notice du catalogue du Festival Art et Déchirure 2012 :

Né à Paris en 1959, Jean-Michel Chesné dessine et peint depuis bientôt 30 ans ; c’est en effet au début des années 80 qu’il se passionne pour l’art mais sa visite au Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives en 1992 sera un véritable choc qui orientera définitivement son goût vers l’Art Brut et aura une incidence radicale sur son travail à tel point qu’en 1997, il entame la construction d’une grotte-chapelle recouverte de mosaïques au fond de son jardin qui fait régulièrement l’objet d’articles dans la presse.
C’est un autodidacte à la recherche de techniques nouvelles et de matières au service de créations de tout ordre. Il fonctionne par séries afin d’exploiter au maximum ses nouvelles idées et passer ensuite à autre chose. C’est ainsi que l’on peut voir dans l’ensemble de son œuvre des dessins anthropomorphes à l’encre ou à la craie, des fantaisies colorées aux crayons de couleur, mais aussi des têtes en céramique ou des sculptures en plastique fondu. Un grand écart entre les thèmes et les techniques qu’il assume pleinement tout en conservant un style très personnel. Son principal moteur étant l’imaginaire, cet artiste ne peut se cantonner au cadre restreint de la toile ou de la feuille de papier.
Récemment, son travail a pris une tournure particulière. Il s’agit de dessins qu’il appelle lui-même «dentelles»  à l’encre blanche, où l’on retrouve des animaux ou des êtres hybrides issus d’un imaginaire fantastique ; Des silhouettes d’où émane une vibration, une tension dynamique entre le noir et le blanc ; le contour très découpé, sinueux en même temps, montre des personnages parfois en mouvement, évoquant la gestuelle du danseur ; l’intérieur organique ne contrariant pas la grâce de l’ensemble. On y retrouve également des constructions totémiques complexes alliant le païen et le sacré.
Un peuple fantasmagorique, créatures inquiétantes et séduisantes à la fois, émergeant du plus profond de lui-même, dans cet état particulier entre concentration et rêverie. Les dessins de Jean-Michel Chesné peuvent rappeler certaines peintures tribales de l’Inde par leur technique, mais aussi les génies de la mythologie japonaise ou chinoise, même s’ils sont en fin de compte, irréductibles à toute référence, sauf celle, intime, de l’artiste.
Impliqué et actif dans le monde de l’art Brut, on peut également retrouver ses textes dans les revues consacrées à cette forme d’art (Raw vision, Création franche,  Zon’Art etc.).
Collaboration à la revue Gazogène depuis 10 ans.
Témoignage dans le catalogue de l’exposition Chomo – Halle Saint-Pierre 2010


Jean-Michel CHESNÉ a construit dans son jardin à Malakoff une grotte-chapelle façon « Facteur Cheval » et a couvert les murs de sa cour de mosaïques selon la technique dite »Picassiette » qui utilise vaisselle cassée, miroirs, coquillages, bijoux, verres colorés et autres matériaux de récupération.